La Polaroid Expérience de Youssoupha à l’espace Julien

(c)Instagram Youssouphamusik

A l’heure où les rappeurs n’assument pas leur vieillesse, Youssoupha l’embrasse totalement. Le 5 avril, le Prims Parolier viendra défendre son dernier album Polaroid Expérience sur la scène de l’espace Julien. L’occasion pour nous de revenir sur ce projet à travers trois morceaux.

Devenir vieux

« Je suis à un charbon d’chicha de devenir has-been ; moi le temps m’a rattrapé et j’suis déjà ringard ; J’peux pas rapper comme Niska ou me saper comme S.Pri Noir… ». En trois lignes Youss fait un état des lieux parfait de sa position dans le rap. A bientôt quarante ans, il sait que la tendance est derrière lui, mais ne serait-ce pas sa force ? Cet album, il l’a fait pour lui, sans la pression de la réussite commerciale et comme un dernier baroud d’honneur en tant que M.C. Si devenir vieux est inéluctable, beaucoup d’entre nous le vivent mal, pour le lyriciste, c’est une fin douce et amère.

« J’suis blessé dans mon égo », sentir que l’on est plus dans le coup, que des petits jeunes ont pris la place d’idoles qu’il a pu avoir, Youssoupha semble l’avoir accepté. La production de Cehashi est calme et l’interprétation remplie de sérénité. 

Par amour/Niama na yo

Alors oui c’est de la triche il y a deux sons en un mais, ils sont liés. D’abord au sens propre puisqu’ils se suivent dans l’album, puis ils sont tous les deux produits par Medeline, et surtout parce qu’ils symbolisent la (nouvelle) liberté artistique de Youssoupha. Dans ses précédents projets, il a très souvent laissé le chant à d’autres, notamment des femmes, alors que dans Par amour il nous livre un morceau sans rap et sans featuring ! La prise de risque est payante puisqu’au final ce titre est le plus streamé de Polaroid Expérience, avec plus de 4 millions d’écoutes sur Spotify.

Musicalement, Niama na yo est au plus strict opposé. On passe d’une balade remplie d’émotions à des sonorités trap où Youss se lâche, crie et rappe en lingala. Ces deux morceaux Youss n’aurait même pas songé à les faire il y a quelques années, il supportait à lui seul la réussite du label Bomaye music et il n’y avait pas la place pour des sons expérimentaux. Une responsabilité qu’il a laissée à Naza et Keblack, les jeunes pousses de la structure qui enchaînent tubes sur tubes en ce moment !

Le jour où j’ai arrêté le rap

Le titre est assez explicite, Youssoupha a arrêté le rap. Mais ce dernier l’a-t-il rattrapé ? Le titre est rempli de contradictions, tantôt on pense que le Lyriciste Bantou ne rappera plus jamais, tantôt on se dit qu’il est accro au micro et qu’il ne s’en lassera pas. La balance penche plus vers la deuxième option, car à travers une anaphore Youss explique pourquoi il rappe et non pas pourquoi il rappait. Et puis, quel final ! Sans être crédités dans le morceau, Medine et Kery James débarquent à la fin, comme le rebondissement ultime de la fin d’une saison de Game of Thrones. Les théories fusent mais tout laisse penser à un projet commun entre ses trois rappeurs qui forment La Ligue.

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