Programmé initialement du 6 février au 26 mai, le parcours retraçant quarante années de travail du photographe américain Steve McCurry, a été victime de son succès. 100 000 visiteurs se sont succédés durant quatre mois jusqu’à afficher complet les derniers week-ends. Alors, l’exposition a été prolongée jusqu’au 21 juillet.
Si au premier abord le nom de Steve McCurry ne vous parle pas, il est pourtant sur que vous connaissez au moins l’une de ses photographies : l’Afghane aux yeux verts (voir photo de couverture de l’article). Et pour cause, ce cliché a fait le tour du monde, notamment car il est devenu, en juin 1985, la couverture du National Geographic.
Elle s’appelait Sharbat.
Plus connue sous le nom de l’Afghane aux yeux verts, Sharbat Gula n’avait que 13 ans à l’époque. Débarbouillée pour passer devant l’objectif du photographe américain, elle aura également le droit à une retouche photo, avant parution dans le National Geographic, afin de la débarrasser complètement de la boue lui recouvrant le visage . Pour McCurry ce fut une évidence quand il tomba en hiver 1984, sur ce visage saisissant. Prostrée sous une tente, en plein cœur d’un camp de réfugiés en Afghanistan, la jeune fille tente d’apprendre à lire et à écrire avec d’autres enfants. Ce regard pénétrant, rempli de tristesse, fit le tour du monde, entraînant de multiples réactions. Nombreuses furent les demandes d’adoption ou de dons suite à la parution du cliché. Mais personne, y compris McCurry, ne connait, en 1985, l’identité de cette jeune inconnue au regard impénétrable. Ce ne sera qu’en 2002, que le photographe réussit à la retrouver. Il apprendra alors son identité et fera un dernier cliché de celle qui a marqué les esprits (voir ci-dessous).
L’Afghane aux yeux verts : 17 ans après
« Je suis fasciné par les comportements humains, la façon dont nous interagissons les uns aux autres, j’adore photographier des personnes, des regards »
Des portraits et des Hommes
Le parcours regorge de portraits d’hommes, de femmes et d’enfants, tous plus saisissants les uns que les autres. Steve McCurry réussi à capturer des personnalités, des regards, des émotions, en toute simplicité. Le rendu est bouleversant. Comme cet homme à la barbe rousse (voir photo ci-dessous).
Au nord de l’Inde, la tradition veut que les hommes à un certain âge et appartenant à la tribu Kutshi, se teignent la barbe avec du henné. Un moment sacré, qu’à immortalisé Steve McCurry. Le regard vide, pensif, cet homme semble pourtant accompli.
« De manière inconsciente, je crois, je guette un regard, une expression, des traits ou une nostalgie capable de résumer ou plus exactement de révéler une vie » – Steve McCurry
Photo prise en 1985
Ci-dessus ont peut apercevoir un homme vêtu de bleu. C’est un Touareg. Et dans la tradition, chez les Touaregs, ce sont les hommes qui se parent d’un voile et non les femmes. Cette ethnie semi-nomade, qui se déplace principalement dans le désert du Sahara, ne fait pas référence à l’islam.
Ci-dessous, le portrait d’un petit garçon au Pérou, les larmes aux yeux, son regard nous bouleverse, son attitude également. Il tient dans sa main un pistolet factice mais son comportement semble signifier le contraire. Il vient de se disputer avec ses camarades, le soucis est minime, pourtant le cliché est poignant.
« La relation entre le photographe et son sujet est très importante. Avec de bonnes intentions et du respect, vous obtenez toujours une réaction positive ».
Ce petit garçon est à nouveau un témoignage de la fascination de Steve McCurry pour le regard humain. Une contemplation qu’il saisi lors de ses différents voyages à travers le monde.
« Il n’y a pas de meilleurs endroits au monde que l’Inde pour croiser des hommes avec des regards captivants et uniques »
Inde.
Lors du parcours photographique ont sent une certaine fascination pour des cultures, des ethnies ou des moments de vie. Tel est le cas de l’Inde. De nombreux clichés ont été pris dans ce pays et pour cause il semble y avoir trouvé une inspiration certaine. On retrouve (voir photo ci-dessous) un schéma similaire aux autres personnages photographiés : un regard saisissant, témoignant d’une histoire, et une personne marquée par la vie. Impossible de deviner, en lisant dans ses yeux, ce qu’il ressent. Seul le photographe a pu lire dans son regard, comprendre, et peut-être savoir.
Durant tout le parcours, c’est à nous, spectateur, de créer le réel grâce à notre imagination et d’interpréter ce qu’il ressort des clichés.
D’abord attiré par le voyage, McCurry s’est ensuite essayé à la photographie. Sa passion pour l’esthétique ressort dans cette photographie ( ci-dessus). Un homme pose devant l’objectif de McCurry. Le regard impénétrable, le visage coloré. Et juste en dessous, une scène de vie a été photographié. On suppose que le cliché a lui aussi été pris lors de la fête des couleurs « Holi », qui a lieu chaque année, pour célébrer la fin de l’hiver et le début du printemps. Chaque couleur a une signification, le vert représente l’harmonie et sans le savoir on se rend compte que c’est l’adjectif qui pourrait définir ce cliché coloré.
« Si tu veux devenir photographe, quitte d’abord ta maison »
Chine.
Cette photographie impressionnante a été prise dans un monastère Shaolin à Zhengzhou en Chine. Ces moines Shaolin ont inspiré l’auteur de part leur sagesse et leur parallélisme. En pleine méditation, ces moines réputés pour être spécialistes en arts martiaux, se sont vu tirer le portrait.
Entraînement de moines shaolin, Zhengzhou, Chine, 2004
Ci-dessous, un moine pris sur le vif en pleine séance d’entrainement. La photo semble irréelle, pourtant McCurry réussi à nous transporter dans leur univers.
Afghanistan.
Cette photo prise en Afghanistan représente des femmes. Steve McCurry dépasse l’interdiction qui règne en 1980 dans ce pays de photographier des femmes.
Ce cliché ( au-dessus) met en lumière un jeune garçon, armé. Un simple turban sur la tête et vêtu d’une ceinture de munitions pour combattre. Pris en 1980 lors de combats armés en Afghanistan, ce cliché saisit.
Ces petits garçons installés dans un coffre de voiture sont des Hazaras. Ce peuple arrivé en Afghanistan il y a 5 siècles , a gardé des caractéristiques physiques semblables aux asiatiques.
« Une image peut exprimer un humanisme universel ou simplement révéler une vérité délicate et poignante en dévoilant une tranche de la vie qui pourrait autrement passer inaperçue »
Un parcours qui vous transporte aux quatre coins de la terre, et qui vous fait réfléchir sur la condition humain. L’exposition est à découvrir jusqu’au 21 juillet !
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