C’est le 9 octobre 2020 que le rappeur JUL a sorti le projet tant attendu “13 organisé”, dans lequel il est parvenu à rassembler plus de 50 artistes marseillais ; de quoi susciter l’émoi des amateurs de rap. Pour Choofmedia, Sirine, jeune marseillaise de 21 ans, férue de rap, pose ses mots empreints d’admiration.
Enfin! Le rap marseillais retrouve sa grandeur à travers le collectif “13 Organisé”, mené par JUL. Ce projet, est à mon sens, historique. Historique, parce qu’il unit la vieille et la nouvelle école de cette ville, qui a vu naître le rap français. Dans ce projet, c’est une cinquantaine de rappeurs qui redonnent au rap marseillais ses lettres de noblesse. D’IAM à 100 Blaze, toutes les générations se retrouvent sur cet album. Qu’il s’agisse d’un public Old School et fin connaisseur de ce genre musical, ou d’un public moins passionné ; chacun trouve chaussure à son pied dans les 13 morceaux du projet.
“C’est l’occasion de retrouver les kickeurs de la grande époque.”
Si les feats entre Marseillais ont toujours fusé, surtout depuis quelques années, je ne sentais pas une réelle unité. Aujourd’hui à travers cet album, la passionnée de rap que je suis, est émerveillée, mais surtout émue. Oui, c’est bel et bien le mot, il se pourrait bien que les larmes me soient montées aux yeux à la première écoute de 13’Organisé. En voyant la tracklist il y a quelques semaines, je n’avais qu’une seule hâte: retrouver des rappeurs comme la Puissance Nord, la Sale Equipe ou encore Keny Arkana.
Si pour une partie du public cet album est le moyen de retrouver des rappeurs bien connu comme SCH, Alonzo ou JUL, pour d’autres, comme moi, c’est l’occasion de retrouver les kickeurs de la grande époque. J’avoue avoir un peu perdu espoir, quant au retour de certains rappeurs qui ont bercé mon adolescence.
« Ecouter cette même artiste qui m’a poussé à vouloir comprendre les tenants et aboutissants de notre monde »
J’ai aimé retrouver une Keny Arkana toujours aussi exaltée. L’enfant du centre-ville m’a encore touché par la fougue et le militantisme qui la caractérise depuis ses débuts. C’est écouter cette même artiste qui m’a poussé à vouloir comprendre les tenants et aboutissants de notre monde. Je me rappelle avoir écouté “Gens pressés” ou “La mère des enfants perdus” pendant des heures. Elle n’était pas la seule à résonner dans mes écouteurs quand j’allais au collège. MOH, Puissance Nord, Psy 4 de la rime, l’Algérino et tant d’autres passaient en boucle dans mes oreilles dès que j’avais du temps libre.
Le Rat Luciano, la grande légende marseillaise, a surement offert le meilleur couplet de l’album, à mon sens, sur le titre “l’Étoile sur le Maillot.”
Je me souviens aussi des débats animés avec mes amis sur les meilleurs flows et punchlines qu’on connaissait par coeur à force de les écouter. Le Rat Luciano, la grande légende marseillaise, a surement offert le meilleur couplet de l’album, à mon sens, sur le titre “l’Étoile sur le Maillot.” Dès qu’il en a eu l’opportunité, le membre phare de la Fonky Family, a généreusement mis en lumière des artistes, en pleine ascension. Alors, en rassemblant ces 51 rappeurs et rappeuses, JUL a si bien retrouvé cette tradition du rap français. Pour ma part, c’est à travers les “Rassemblements” de MOH en 2013 que j’ai découvert JUL, Djiha de la Guirri Mafia, Naps ou encore Elams. J’ai retrouvé cette dynamique dans ce projet : celle de “faire croquer” d’autres artistes encore méconnus du grand public.
“Le bon rap se cache derrière les bons projets, mais surtout derrière la passion.”
Pour certains, le rap était mieux avant. Je dis que le bon rap se cache derrière les bons projets mais surtout derrière la passion. Même si le rap n’était pas spécialement mieux avant, il aura toujours une saveur particulière pour les passionnés. C’est cette nostalgie que j’ai trouvée sur “Je suis Marseille”, interprété par Akhenaton, Shurik’n, Alonzo, Le Rat Luciano, JUL, Fahar, l’Algérino et SCH. Comme on dit, ils ont « plié la prod ». Un casting de rêve qui reprend le classique “Marseille la nuit”, présent sur la BO de Taxi 1, sorti en 1998.
Chaque artiste présent sur ce projet vient d’une même école, celle de l’écriture. Chacun d’entre eux sait aussi nous fournir des “hits” comme on les aime. Ce sont les morceaux comme « Miami Vice » ou « War Zone » qui m’ont rappelé que les Marseillais sont les meilleurs dans le domaine. Derrière cette compil’ se cache un seul et même artiste que l’on ne présente plus : JUL.
Je tiens à remercier ce rappeur qui a pris l’initiative de nous produire cet album légendaire. J’espère que ce genre d’intervention se renouvellera, parce que notre ville manque d’événements autour du rap. Il faut que notre jeunesse puisse se réunir autour de ce genre musical qui est aujourd’hui la musique “populaire”. Prenons soin de préserver cet art qui nous rassemble. Marseille regorge de talents, et cet album en est bien la preuve. Il faut pouvoir fournir à ces talents une tribune qui saura leur apporter la visibilité qu’ils méritent à un niveau national. La jeunesse marseillaise s’exprime, elle en a besoin, mais elle doit surtout être entendue.
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