Avec sa série « La dernière année », Nawyr Haoussi Jones nous plonge dans la réalité de la vie et de la politique Marseillaise.
Le réalisateur Marseillais Nawyr Haoussi Jones revient avec un nouveau projet. « La dernière année« , est une série composée de 5 épisodes, qui se déroule durant l’entre-deux-tours des élections municipales à Marseille. Nawyr Haoussi Jones est un jeune Marseillais qui a grandit dans le quartier de Belsunce. Dès le plus jeune âge il est passionné de bandes dessinées, qui le mènera plus tard, à s’essayer au septième art.
Un artiste indépendant et engagé
Très vite, le Marseillais se met à filmer Belsunce, les rues, les habitants, et cette ambiance si particulière. Pour lui, le cinéma underground est un véritable moyen d’expression et à travers ses histoires, il raconte les différences qui font la force de ce quartier. Pour lui, tout un chacun a quelque chose à raconter. Fier de ses origines, il dresse le portrait d’une cité phocéenne unie et populaire. Artiste indépendant jusqu’au bout, Nawyr fonde sa société de production, « Yes we can », comme une promesse d’un jour fouler les célèbres marches du tapis rouge, sans jamais renoncer à ses valeurs, qu’il sait si bien porter devant la caméra. Pour Choofmedia, il revient sur cette aventure.
Pourquoi as-tu choisis de te lancer dans un format “websérie”?
Nawyr Haoussi Jones: C’est un format que je n’avais jamais expérimenté, et que je trouvais intéressant. On se focalise beaucoup plus sur les personnages , contrairement au court-métrage où l’histoire et l’intrigue sont mise en avant. Avec la série, ce sont les personnages qui nous font avancer dans l’intrigue. On peut suivre leur évolution psychologique, leur cheminement dans la vie, c’est ce que j’ai trouvé très intéressant.
« C’est toute une ville qui s’effondre, une école qui s’effondre, une institution défaillante qui s’effondre. »
Qu’est-ce-qui t’as inspiré pour réaliser la série?
N. H-J: J’ai travaillé dans les écoles marseillaises. En voyant l’état déplorable dans lequel se trouvent les bâtiments, je me suis toujours imaginé malheureusement un jour un éventuel drame comme un plafond qui s’effondre ou autre. Le drame de la rue d’Aubagne a été, inopportunément, une source d’inspiration. C’est toute une ville qui s’effondre, une école qui s’effondre, une institution défaillante qui s’effondre. Sachant que le maire actuel avait annoncé son départ, et qu’il y a eu ces drames, je savais pertinemment que les élections de 2020 allaient être décisives, cruciales.
Peux-tu nous pitcher la série..
N. H-J: J’ai voulu placer mon intrigue avec un plafond qui s’effondre dans un quartier populaire, durant l’entre deux tours des élections municipales. L’idée était de savoir comment le corps politique, les hommes politiques et la population réagirait face à un drame sans précédent. J’ai également été très inspiré par mon vécu. J’ai des amis qui évoluent dans différents domaines et qui me font part de leur difficulté, de leur façon de vivre, de leur ressentiment face à la politique actuelle Marseillaise. C’est ce que j’ai voulu mettre en avant à travers les différents personnages.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées?
N. H-J: Quand j’ai pensé le projet en janvier 2019, la question du financement s’est posée. J’ai pu collaborer avec la fondation Abbé Pierre, qui m’a octroyé une subvention de 10 000 euros pour pouvoir faire ma série. Ça a été un vrai soulagement (rires). Pour ce qui est des endroits où tourner, on a pu les trouver facilement. Comme au journal La Marseillaise, où Pierre Guille nous a ouvert les portes du journal.
En 2012, tu as réalisé un premier film, pourquoi passer au format série?
N. H-J: C’est un format que je surkiff (rires). J’avais sorti mon premier film « Le toit du monde » , en 2012, qui devait être à l’origine, un projet de série. Finalement, je me suis retrouvé à en faire un film en deux volets. Du coup, dix ans après m’être lancé dans le cinéma, je reviens à mon projet initial qui est un projet de série. Tout le monde connaît mon amour indéfectible pour les « Feux de l’amour » (rires). C’est une série où tu suis le personnage et tu le vois vieillir. Je suis un cinéaste qui aime beaucoup les personnes; avec une série on se retrouve à déployer tout le potentiel, possible.
Comment le confinement a influé sur le projet?
N. H-J: C’est une longue histoire. L’intrigue se passe durant le second tour des élections municipales. Mais au moment de l’écriture, le confinement n’existait pas du tout. Mon challenge et mon but premier était de diffuser le premier épisode la veille du premier tour, ce qui a été fait. Trois jours après, nous nous sommes retrouvés en confinement, et là c’était le drame pour moi. Je me suis rendu compte que ma série et les élections étaient reportées, et donc que le propos de ma série tombait à l’eau.
Ton scénario était en phase avec l’actualité?
N. H-J: Je me revendique d’un cinéma ancré dans un réel. Donc toutes les séquences que je n’ai pas pu tourner pour les futurs épisodes, je les réadapte. Pendant ces deux mois de confinement j’ai réécrit totalement la série, pour coller à l’actualité et à la crise sanitaire que nous connaissons. On suit par exemple un journaliste, il était question de savoir comment il travaille sur l’actualité. Mais aussi comment un homme politique confiné, dont les élections ont été mises entre parenthèses, continue à faire campagne ou pas. C’est vraiment un gros challenge.
« Deux mois de confinement rime avec deux mois de réécriture intensive »
Le report des élections a donc complètement changé la suite de l’histoire?
N. H-J: Les élections ont été reportées à une date ultérieure, donc le propos de la série change beaucoup. Les personnages vont évoluer durant la crise sanitaire. Je me suis retrouvé à modifier le synopsis pour coller à cette actualité qui est sans précédent. Je ne voulais pas passer à côté de ce qu’on vit actuellement. Deux mois de confinement rime avec deux mois de réécriture intensive, pour reprendre le tournage incessamment sous peu.
Je suis à l’affût de l’actualité ! Je suis vraiment incollable sur les aspects politiques, sanitaires, sociaux. Surtout que mes personnages exercent différentes professions. Ce sont des différents points de vue et des manières différentes de vivre le confinement. Le journaliste ne vit pas la crise comme le duo politique.
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