C’est sous l’objectif de Cedric Aoudia, marseillais de trente trois ans que l’on redécouvre une Marseille intemporelle aux airs des années 70’s dans son exposition « Congés payés ». Parce qu’à Marseille l’été ne s’arrête jamais vraiment, l’artiste prolonge un peu de cette ambiance de récréation estivale sur ses clichés en bord de mer.
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Premiers pas vers l’automne, sous un soleil qui pourrait être d’été. A Marseille l’été se retire lentement pour laisser place aux changements de couleurs et de température. Avec son exposition photo “Congés Payés”, Cédric Aoudia nous prolonge encore un peu plus dans l’esprit des vacances d’été. C’est par amour pour la photo et surtout pour sa ville, que ce natif de Marseille de 33 ans s’est nouvellement lancé dans la photographie il y à quatre ans. A l’origine, c’est en postant sur son compte Instagram des photos de paysages que le trentenaire commence à séduire des blogueurs marseillais, qui reprennent et partagent ses photographies à leurs tours. En juin 2017, Paul Virgo, installé dans le monde la nuit depuis des années et qui a donné son nom au bar « Les Voutes Virgo », le contacte et lui propose d’exposer près de la cathédrale de la Major, à la Joliette.
Je voulais que les gens se demandent où a été prise la photo, et quand.
Il expose alors d’abord « Marseille en Série », sept séries de trois photos, avec des paysages, des bâtiments de Marseille, toujours dans une optique d’intemporalité. Et c’est cette caractéristique qui marque le style de ce jeune photographe, qui se lance cette année dans sa deuxième exposition « Congés Payés », en référence à la réforme sociale apparue en 1936 en France. « Je voulais prolonger l’esprit de vacances ». Très inspiré par les années 70 symbole de La French, des chaînettes en or et des voitures intérieur cuir, Cédric Aoudia a voulu rendre hommage avec ce époque révolue, avec des images « vintage ». « Je voulais que les gens se demandent où a été prise la photo et quand ».
C’est d’abord timidement des paysages de la Corniche Kennedy, de la plage du Prado et du Petit Nice que ce commercial capture pendant son temps libre. “J’ai acheté un appareil photo il y a quatre ans, un argentique « . Alors c’est au volant de sa voiture, pendant ses trajets pour aller au travail qu’il prend en mouvement des photos de paysage, avec son argentique. Sans retouche, les photos sont développées telles quelles. Sans toucher à la lumière ni aux couleurs, les photos reflètent des paysages « à l’ancienne », comme on dit à Marseille. Un instant figé dans le temps, qu’on ne saurait attribuer à une époque particulière.
En maillot: tous égaux face à notre statut social
New-York, Biarritz, Ibiza ou Marseille : peu importe où l’on est dans le monde, sur les plages, nous sommes tous égaux faces à nos imperfections. Exit la condition sociale, Cedric Aoudia veut prouver que ce lieu commun aux vacanciers gomme les différences sociales “En maillot tu ne sais pas qui fait quoi dans la vie, quelle vie chacun mène. Les gens vont avoir le même comportement à la plage: se prélasser,
se baigner”.
Loin de l’image de Marseille la rebelle, ici c’est sous un regard apaisé et vintage que l’on découvre une Marseille aux airs de vacances. Un esprit rétro que l’on retrouve également dans les autres photos prises lors de vacances, hors de la cité phocéenne. « Ce que j’ai aimé à Ibiza, c’est le kiosque à journaux. Il y a souvent un kiosque dans lequel on y trouve la presse internationale », symbole d’un mélange d’un flot de touristes issus de pays différents. Et quand ce n’est pas en rapport à la presse internationale, c’est devant une devanture de restaurant à l’allure 70’s que le photographe s’amuse avec son argentique.
Filtre ou pas filtre?
Pour Cédric Aoudia, on oublie les filtres et les effets, les photos sont postées comme elles sont prises: sans retouches. Si Instagram a permis au jeune artiste de se lancer et se faire remarquer, il n’oublie pas le revers de ce réseau social. “Instagram nourrit les gens avec des likes comme baromètre”. Aujourd’hui c’est grâce à ce même réseau social qu’il a créé une collaboration avec la ligne de vêtement Toka-Toka qui a repris ses photographies pour en faire des tee-shirt. En attendant, vous avez encore jusqu’au 25 octobre pour découvrir son exposition aux Voutes Virgo – Voutes de la Major. Et pour les plus curieux retrouvez vite le jeune artiste pour une prochaine exposition au printemps à Amsterdam.
La question Choof: A Marseille, le chouf c’est celui qui observe, prêt à avertir du danger. Si aujourd’hui tu pouvais l’être, de quoi voudrais-tu nous avertir?
Je voudrais pointer du doigt le milieu culturel marseillais. Il se passe énormément de choses dans notre ville, mais je n’ai pas l’impression que l’information soit diffusée à tous. Il faudrait faire en sorte de rendre la culture accessible à tous, que les marseillais soient fiers de leur ville en y prenant soin.
Soukaïna Skalli
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