Diplômée depuis décembre 2018, Marie-Lou 23 ans est une jeune infirmière dynamique. Fraîchement arrivée au Centre Hospitalier du Pays d’Aix, la jeune soignante nous raconte son quotidien avant et après l’apparition du coronavirus, le COVID-19.
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Quelques mois après avoir été diplômée, Marie-Lou envoyait sa candidature pour un poste au service réanimation de l’hôpital de sa ville natale, Aix-en-Provence. Le service étant déjà au complet, elle décide de choisir parmi plusieurs propositions le service bloc opératoire. En temps normal, les salles d’opérations sont donc la deuxième maison de la jeune infirmière, mais l’arrivée du coronavirus, du nom de COVID-19, a perturbé l’organisation normalement établie. Habituellement, Marie-Lou travaille en tant qu’infirmière de bloc opératoire (IBODE). En présence d’une infirmière anesthésiste (IADE) et d’une infirmière de bloc opératoire elles assistent chaque jour les chirurgiens sur des opérations plus ou moins lourdes. Une profession que la jeune femme a dans la peau depuis son plus jeune âge. Petite, elle se voyait infirmière puéricultrice. Alors, dès le lycée, elle se décide a entamer des études scientifiques et passe un bac ST2S qui l’aidera notamment à avoir son concours d’infirmière du premier coup. Si les membres de sa famille tournent de l’oeil à la vue d’une goutte de sang ou d’une aiguille, Marie-Lou s’est immunisée contre ces petits détails et ne rendrait sa blouse sous aucun prétexte.
Aujourd’hui, infirmière en bloc opératoire au Centre Hospitalier du Pays d’Aix, Marie-Lou est une soignante aux petits soins avec ses patients. Alors, quand elle a appris que la plupart des opérations allaient être suspendues jusqu’à nouvel ordre, afin de libérer les lits post-opératoires aux personnes atteintes du coronavirus, la jeune femme a eu le coeur gros.
“De 10 salles d’opérations quotidiennes, on passe à trois. Deux sont consacrées aux patients atteints de cancers et la troisième est gardée pour les urgences”, précise la jeune infirmière. Mais contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, cela n’entraîne pas une diminution de travail pour la soignante, bien au contraire! Lorsqu’elle n’est pas, comme à son habitude, “d’opération”, elle doit s’occuper de patients en réanimation.
Quésaco? Au vu des circonstances, l’hôpital s’est préparé au pire, tous les services sont réquisitionnés pour affronter au mieux la vague de patient atteint du virus COVID-19. Même les “salles de réveil ” sont réaménagées en urgence en salle de réanimation afin d’accueillir des patients non touchés par le virus. Chaque jour, quatre infirmières se relaient pour s’occuper d’eux. Le seul hic, beaucoup n’ont pas de formation pour s’occuper de patients en réanimation. Marie-Lou qui avait travaillé durant son cursus en unité de soins continus, ce qui équivaut aux soins intensifs, maîtrise le sujet. Mais ce n’est pas le cas de toutes ses collègues. Alors, lorsque l’hôpital a annoncé la mise en place d’un nouveau système d’astreinte, beaucoup d’infirmières ont paniqué. « Il y a des filles qui disaient qu’elles ne se sentaient pas capables, qu’elles avaient peur de perdre leur diplôme, » raconte Marie-Lou. “Je les comprends, quand ça fait 30 ans que tu travailles en bloc opératoire, que tu n’es jamais allé en réa de ta vie, tu n’es absolument pas formé. Ce sont deux métiers différents !” ajoute la soignante.
La jeune femme plus à l’aise, s’est proposée et a pris deux gardes à des collègues qui l’étaient moins. Pour former en urgence les infirmières non spécialisées en réanimation, l’hôpital a proposé des réunions. Auxquelles certains soignants n’ont pas pu assister étant d’opérations. Une formation express pour apprendre notamment à s’habiller en cas de patient atteint du Covid-19. Un soignant s’est également proposé de “former” à la réanimation.
“Il nous a amené par groupes de 5 auprès d’un patient de réanimation. Il nous montrait le matériel, les procédures c’était assez succinct. 40 minutes autour d’un malade, ce n’est pas suffisant pour assimiler toutes les techniques, mais c’est mieux que rien ! “Pour ceux qui comme moi connaissaient un peu ça fait une piqure de rappel mais pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler c’est du chinois !” s’exclame la jeune infirmière.
Avec toutes ces péripéties, l’atmosphère anxiogène de l’extérieur a envahit l’hôpital. Difficile de passer à côté surtout lorsque les moyens ne sont pas arrivés à bon port. C’est le cas des masques FFP2. L’hôpital en a reçu quelques uns cette semaine. En somme, pas suffisamment. Et cela n’a fait qu’empirer la situation, les infirmières anesthésistes en première ligne exprimaient leurs légitimités à en recevoir car plus proche de la bouche des patients, les infirmières de bloc opératoire montaient au front afin de défendre leurs tâches tout aussi délicates. En réalité, ces soignants sont tous exposés au quotidien. Protégés par de simples masques chirurgicaux, ils risquent gros. Et pas seulement pour eux, mais également pour leur entourage. Une ambiance pesante qui n’est pas prête de se dissiper. Aujourd’hui, Marie-Lou regrette qu’on ne parle que des malades atteints du COVID-19, elle qui côtoie chaque jour des patients atteints de pathologies très lourdes, mais dont on ne parle plus. Car eux aussi pâtissent des règlementations très strictes. Elle déplore cette situation car beaucoup de ses patients se retrouvent seuls face à une annonce brutale ou face à une lourde opération. Alors le moral à l’hôpital est au plus bas. Si les applaudissements font chauds au coeur chaque soir, il ne faudrait pas oublier après le confinement, que les soignants comme Marie-Lou, sont chaque jour au côté de malades, de personnes contagieuses et qu’elles font un métier difficiles depuis la nuit des temps.
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