« Ce tatouage c’est aussi un processus d’acceptation, pour moi »

Ophélie, au café Les Pavillons des Canaux

Cinq ans après le drame du Bataclan, Choofmedia est allé à la rencontre d’Ophélie, présente au concert des Eagles ce soir là.

Renaissance. C’est le mot qui vient à l’esprit d’Ophélie pour décrire le tatouage qui se dessine sur sa côte. Un tatouage qu’elle a réalisé cinq ans plus tôt, comme pour extérioriser et accepter ce qu’elle a traversé durant l’année. Posté sur son compte Instagram le 16 janvier 2016, on y découvre une rose et un pistolet, accompagnés de la phrase « kiss the devil » et du hashtag #fuckterrorism. « C’est cocasse, mais c’est sur cette musique des Eagles que l’attentat a débuté » se rappelle Ophélie avec sarcasme, en fermant l’application. Du haut de ses vingt-quatre ans, la jeune femme laisse les mots fuser, sans hésitation. Une fluidité et une assurance qui se sont affinées en cinq ans. « Faire ce tatouage, c’était aussi un processus d’acceptation, pour moi. Tu n’es plus la personne que tu étais avant, c’est comme si tu venais de naître. Tu réapprends à vivre avec un caractère que tu ne connaissais pas » explique Ophélie, en remettant sa frange droite. Aujourd’hui, c’est avec un œil pétillant et un sourire en coin, qu’elle arrive à raconter son histoire. 

Rencontre jeune et ancien de 17 à 27 ans, mme leclerc est épouse de l’intellectuel, de professeur de droit pénal au départ. Les hommes avaient d'abord une vie plus simple à laquelle Coatlinchán ils se connaissaient, puis l'histoire a évolué en de nombreux aspects, en région, en climat, en cultures et en société. Quand la réalité vous est présente, comment y réfléchir et comment se déplacer?

Le néo-nazisme a été dénoncé au niveau européen en 2004 par les autorités judiciaires, mais aussi en france. Ensuite, il est crucial de connaître le traitement que propose la société dans lequel dispiritedly location appartement villetaneuse elle s’organise. Ensemble, ils font face au grand écho de ce grand brouillard de chasseurs, et à une vie qui n'est pas à l'ordre du jour, mais qui, en tout cas, ne devrait pas être étrangère aux esprits.

Et la méthode qui s’est révélée plus efficace et plus adaptée que les autres, est la prise du bain. Ceci, avec ses parents, est également le fruit de l’amitié et de http://pidinformatica.com.br/52417-site-rencontre-contact-gratuit-80502/ la collaboration. Elle ne connaît pas d'échéance et n'a jamais pu déterminer la date, mais la prémisse dans les rangs des membres du mouvement qui ont rég.

A paris, à la mère de mon oncle, avec le père de ma mère et des siens. Un profil d'une amoureuse Saint-Herblain : http://france24.com/2018/01/26/le-profil-d%c3%a9mon-que-je-veux-de-la-amoureuse/ Un monde idéal et étranger à ces temps de guerre mondiale, des musées, des hôtels particulièrement charmants, des parcs et des hommes d’affaires qui se retrouvent sans doute en bonne santé et se retrouvent de bonne heure.

"C’est cocasse, mais c’est sur cette musique des Eagles que l’attentat a débuté" se rappelle Ophélie avec sarcasme, en fermant l’application.

Bruit bizarre et sang: il faut que je me mette au sol

Quand le drame du Bataclan survient, Ophélie a tout juste 18 ans. Depuis près d’un an, elle a quitté La Ciotat où elle vit avec sa mère, pour s’installer à Aix-en-Provence, et suivre des études de Droit. Comme souvent, elle et sa sœur Alexia, de cinq ans son aînée, décident de fêter leur anniversaire ensemble, puisqu’ils se suivent de quelques jours. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’elles choisissent de prendre deux places de concert pour les Eagles. « J’étais hyper excitée, mais très en retard » se souvient Ophélie, en se réinstallant sur sa chaise, qui n’est autre qu’une baignoire réaménagée. Le lieu est atypique et laisse planer une ambiance légère, qui tranche avec l’événement qu’elle raconte.

Après une première partie « super cool« , avec une ambiance pogo dans la fosse, quelque chose l’interpelle. Quarante minutes plus tard, prise par le solo du guitariste et les jeux de lumières, elle ne comprend pas d’où viennent ces bruits qui ressemblent à des pétards. Les visages dans la salle muent. Autour d’elle, les personnes commencent à être interloquées, mais les uns rassurent les autres. « Il y a un homme qui me voit me retourner et me dit t’inquiète, c’est rien. Au même moment, le mec se touche l’oreille, et il avait du sang sur sa main » se remémore-t-elle. Et parce que les bruits dans la salle, sont loin de ressembler à ceux dans les films, insiste Ophélie, personne ne se doute de ce qui est en train de se produire.

Je suis tétanisée à ce moment là

Suite à ce moment de flottement, son instinct la rappelle « j’ai rien compris. Je me suis dit : bruit bizarre et sang, il faut que je me mette au sol » analyse-t-elle, en reprenant une gorgée de son thé chaud, avant de poursuivre: « le dernier documentaire que j’avais vu à ce moment-là, c’était sur l’attentat qui s’était passé en Tunisie quelque temps avant, et ça m’avait choqué. À ce moment-là, ma sœur fait le lien. » Les personnes comprennent alors, et se mettent à courir en direction de la sortie. Recroquevillée sur elle-même, elle sent les gens lui marcher dessus, sans même l’enjamber, sous le coup de la peur. Pour ceux qui n’ont pas pu sortir, tout s’enchaîne très vite : la déclaration des terroristes qui pointent du doigt le Président de l’époque, François Hollande, la terreur instaurée dans la salle, le silence lourd, et les cris ponctuels. La jeune femme débite « je suis tétanisée à ce moment-là. »  

Un jeu malsain se met en place. « Celui qui bougeait se prenait une balle » explique la jeune femme, les bras croisés. Sa sœur, elle, décide de garder les yeux ouverts, pour regarder où et comment se déplacent les terroristes, armés. Ophélie, garde les yeux fermés, et tous ses sens sont exacerbés, ce qui lui permet de sentir l’odeur de la poudre qui se dégage. Le temps, qui semble s’écouler à une vitesse lente, pousse certains à s’enfuir. Mais ces personnes sont vite rattrapées par les balles, avant d’arriver à la sortie. 

« Entre ta pensée, l’odeur et les bruits de balles de temps en temps : t’es déconnectée complet. »

Sur la planche en bois qui fait office de table dans cette baignoire aménagée, Ophélie regarde son téléphone qui vibre et le retourne. « J’ai eu beaucoup de chance. Mes parents sont toujours en train de me reprocher de laisser mon téléphone sur le mode vibreur ou silencieux » lâche-t-elle en roulant ses yeux. Cette fois, cette action lui aura valu de ne pas se faire remarquer, puisqu’un nouveau jeu malsain se met en place : la personne près de qui le téléphone sonne, se fait tirer dessus. Certains cris de douleur percent le silence lourd, qui pèse dans la salle depuis plus de deux heures. 

Un silence également introspectif. « Il y avait tellement de silence, que j’ai commencé à me détendre. Je me résignais et me demandais où je préférais prendre une balle” lâche Ophélie. Avant d’énumérer « le genou ? Ah non pas le ventre! A la limite le bras je pourrais en ressortir vivante. Il y a un silence et des gens qui crient, il y a ce râle de respiration. Entre ta pensée, l’odeur et les bruits de balles de temps en temps : t’es déconnectée complet » raconte Ophélie. Alors, quand elle entend un gros bruit, le monde lui tombe sur la tête. 

Il y avait tellement de silence, que j'ai commencé à me détendre. Je me résignais et me demandais où je préférais prendre une balle”

C’est l’humanité qui ressort

Ce sont finalement les forces de la BRI (brigade de recherche et d’intervention) qui entrent dans la salle. Mais le réconfort et le soulagement d’Ophélie laissent vite place à une angoisse « c’est hyper flippant, tu ne vois que les yeux et tu vois qu’ils sont paumés » confie Ophélie, les yeux écarquillés. Rapidement, les personnes vivantes sont sommées de se diriger vers la sortie, les mains en l’air. Après les appels aux proches, les pleurs, la prise en compte de la situation, Ophélie, sa sœur, ses deux amis et une quinzaine de personnes se retrouvent chez une dame. 

Cette dernière a répondu au hashtag lancé sur les réseaux sociaux #PortesOuvertes, qui invite les habitants du quartier, à accueillir les survivants. « On est entre nous, on a besoin de souffler, alors on fait des blagues. On est resté deux heures et demi dans un endroit où l’on pensait qu’on allait mourir. L’humour et les blagues, c’est quelque chose qui te rapproche des autres. C’est l’humanité qui ressort. Je me suis dit, je suis encore capable de faire des blagues », explique-t-elle.

La nuit, elle, s’annonce longue et ponctuée par des entretiens avec des agents de l’état-civil. De retour à Nanterre, où son beau-frère vit, la jeune femme retrouve ses amis, mais se sent en même temps totalement déboussolée. « Mon cerveau ressasse tout. Du moment où je suis rentrée, tous les corps que j’ai vus, tout le sang, tout ce qui a été dit, tout au détail » soutient-elle. Son entourage, présent sur place, l’aide à encaisser, traverser, et comprendre ce qui s’est produit. « T’es crevée, t’es irritable, j’avais la tête sur les genoux d’une pote et je soufflais mes bougies comme ça. T’es complètement amorphe, on dirait un petit chaton blessé » plaisante-t-elle, en se remémorant.

Après le bruit, la douceur des vagues

Dans le train retour vers la Ciotat, où ses deux parents l’attendent, le climat anxiogène se ressent. Elle et sa sœur découvrent les informations dans les journaux que lisent les voyageurs près d’elles. Arrivées dans leur famille, Ophélie et sa sœur Alexia retrouvent un cocon dont elles avaient besoin. « J’avais besoin de ma maman, je ne pouvais plus rien faire toute seule à ce moment-là, j’avais besoin d’un tuteur, j’avais besoin qu’on me fasse à manger » explique-t-elle, entre les allées et venues des personnes du café, amusées par l’espace interview que l’on s’est aménagé.

 De l’extérieur on en oublierait presque le sérieux du propos. Plus de thé au fond du verre, elle le repose et reprend. « Pour ma mère, ça a été compliqué, on n’a pas vraiment parlé de ce qu’elle a pu ressentir, elle a fait un déni. » Ce qui n’a pas aidé, ce sont les remarques du médecin faites à la mère d’Ophélie, le jour avant son arrivée :« il ne faut pas que vous vous plaignez devant vos filles, il faut que vous soyez un mur.« 

Une chose que regrette amèrement aujourd’hui la jeune femme. « J’aurais aimé percer l’abcès. Je considère que mes parents ont vécu un vrai traumatisme. Pendant trois heures, ils ont vraiment cru que leurs filles étaient mortes. Ils n’avaient pas d’espoir » commente-t-elle, peinée. « Cela aurait dû être un échange », ajoute l’étudiante en droit. C’est un travail à double sens qui s’installe entre Ophélie et ses parents. Les rôles s’inversent parfois, la fille rassure la mère, et la mère apporte de l’affection et de la légèreté à sa fille. 

C’est cette légèreté de l’environnement du sud qui va d’ailleurs aider Ophélie à se distancer de ce tourbillon médiatique. “Je ne voulais pas voir de psy, j’avais envie de respirer, de m’éloigner de tout ça, de faire des choses avec ma mère comme aller à la mer, faire les courses, promener mon chien.” Pendant ces deux mois à la Ciotat, Ophélie ressent le besoin de partager avec sa sœur et ses deux amis sur les séquelles physiques : l’anxiété, les cauchemars et le stress. 

Ophélie, dans le café Le Pavillon des canaux
Ophélie, dans le café Le Pavillon des canaux, dans le 19e arrondissement de Paris.

Après ces deux mois passés auprès de sa famille, l’étudiante se sent enfin prête à rejoindre les bancs de la fac, à Aix-en-Provence où elle y finit sa deuxième année de droit. En parallèle de son entourage, Ophélie est suivie par un psychologue, qui pratique de la EMDR (entre l’hypnose et la thérapie cognitive et comportementale): « Tu racontes en boucle ce qui se passe et au moment où je me mettais à pleurer et que je n’arrivais plus à raconter, je devais recommencer. Le but, c’était de donner mon récit sans me préserver. »

Retour à Paris, et à la réalité

Après avoir repris ses études en main, la jeune femme décide de partir en région parisienne. Elle s’installe alors à Vitry avec sa sœur, et trois autres personnes, et entame une L3 de Droit. Mais tout ne se passe pas comme prévu, elle subit le contrecoup de cette année compliquée. « Je ne faisais rien, je ne sortais pas, je passais des journées où je pouvais rester en pyjama. J’allais en TD parce que j’étais boursière, mais par contre les amphis, j’en avais plus envie » se remémore-t-elle.

“Après cette année, j’ai eu besoin de sortir, de m’amuser, de boire et de retrouver mes potes!” 

Cette peur de l’extérieur la conduit à se renfermer sur elle-même, pendant près d’un an. « Je me réveillais en pleurant la nuit, tous les soirs, je rêvais qu’on me coursait” se souvient l’étudiante. C’est notamment grâce à son entourage, sa sœur et son beau-frère avec qui elle vit aujourd’hui en colocation, qu’elle a pu renouer avec une sociabilité qu’elle avait mise en veille.  “Après cette année, j’ai eu besoin de sortir, de m’amuser, de boire et de retrouver mes potes!” lâche-t-elle avec un sourire bienveillant.

Un avenir optimiste

Aujourd’hui, malgré la bataille juridique avec le fonds d’aide aux victimes, qui vient lui rappeler chaque année le traumatisme qu’elle a traversé, Ophélie parvient à se projeter. « En master, je me suis sentie abandonnée par le système« , explique-t-elle. Car malgré des explications avec sa directrice de master, elle n’a pas pu obtenir de M2, en dépit des circonstances atténuantes auxquelles elle a fait face. Cependant, elle étudie, grâce à son Master 1 en propriété intellectuelle, à l’Institut d’études judiciaires de Paris, avec l’espoir de décrocher le barreau, pour être avocate. Mais son rêve secret, c’est « de créer une maison d’hôte, avec la déco du hobbit » lâche-t-elle à demi-mot, entre deux éclats de rire.

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