Pour nos portraits du mois, nous sommes allées nous heurter au quotidien de ces héros de l’ombre qui, sans supers-pouvoirs, donnent leur maximum pour nous protéger et nous aider, au mieux, à traverser ce tumulte épidémique. Aujourd’hui Choof média vous fait voir à travers les yeux de Marie.
En août dernier, après six mois de stage dans une grande pharmacie aixoise, Marie est diplômée. La boucle est bouclée et les sept années passées à étudier sont désormais derrière elle. Aujourd’hui, nous la retrouvons dans cette même officine qui l’a embauchée après son stage de fin d’étude. Après sept longues années de médecine, Marie est désormais pharmacienne. Il ne lui manque que la validation de sa thèse pour obtenir le saint Graal : être docteur en pharmacie. Son mémoire de fin d’études portera sur le conseil d’un pharmacien sur les allergies cutanés, un rayon qu’elle connaît bien puisque la jeune salariée passe depuis quelques années, des heures et des heures à conseiller des patients dans différentes pharmacies.
Personnel soignant, de père en fille
Fille d’un médecin généraliste, Marie baigne dans le milieu médical depuis petite, alors quand au lycée, elle a dû réfléchir à son avenir, il ne faisait aucun doute qu’il serait en lien avec la santé. Après avoir passé un bac scientifique et deux fois sa première année de médecine, elle se destine à la biologie et plus précisément aux études de pharmacie. Comme l’un de ses frères et sa soeur. Car Marie, est la benjamine d’une famille de quatre enfants et tous sont spécialisés dans le milieu médical ! Dans quelques mois, si le covid-19 ne décale pas trop les choses, elle recevra le diplôme d’Etat de docteur en pharmacie. Depuis, la fin de ses études, la jeune femme est salariée de l’officine qui l’a formé durant ces six derniers mois de stage. Alors elle commence à être habituée, à la clientèle, aux commandes à effectuer, aux horaires mais rien ne l’avait formé à ce qu’elle connaît aujourd’hui : l’entêtement des patients.
Faire face à l’agressivité des patients
Non, la crise sanitaire du Covid-19 n’épargne pas les pharmaciens. “Certaines personnes sont agressives, elles ne comprennent pas pourquoi nous ne pouvons pas leurs vendre de masque alors que nous en portons”, explique la jeune femme. Toute la journée, les appels s’enchaînent et se ressemblent : “auriez-vous des masques, des gants, du gel hydroalcoolique, des thermomètres ? et ça c’est quand ils sont polis! ”, ajoute-t-elle.
La pharmacie a d’ailleurs connu une grande vague d’affluence les premiers jours suivant l’annonce du confinement. La population s’est ruée vers les grandes surfaces mais également vers les pharmacies. Passé ces quelques journées abominables, où la queue et l’affluence n’en finissaient pas, la situation s’est finalement stabilisée pour aujourd’hui être devenue très calme.
Vous voulez quoi? que les personnes âgées crèvent ?”
“Notre plus grosse cliente aujourd’hui ce sont les personnes âgées, je les comprends elles ont besoin de parler, de contact avec l’extérieur puis ça doit être difficile d’être seules, sans voir leurs petits-enfants… mais nous essayons au maximum de les inciter à rester chez elles car ce sont les personnes à risques,” souligne la jeune pharmacienne. Et certaines confrontées à la solitude et au stress, perdent pied : “ vous voulez quoi? que les personnes âgées crèvent ?”, c’est une phrase que Marie a déjà entendu et qu’elle ré-entendra surement, car malheureusement la possibilité de vendre des masques n’est pas possible pour le moment.
Faire face au manque de masques
Les fameuses protections reçues par l’Etat sont destinées aux professionnels de santé. Très réglementée, la distribution ne peut se faire que sur présentation d’un justificatif, le numéro RPPS, que les pharmaciens notent et doivent renvoyer à l’Etat. Les infirmiers, médecins ou pharmaciens ont droit à 18 masques par semaine en revanche, les sages femmes et kinésithérapeutes ne peuvent bénéficier que de 6 masques par semaine. Une réglementation qui, si elle n’est pas respectée, peut entraîner une amende et/ou une peine d’emprisonnement.
Beaucoup regardent les informations, ils déboulent dans la pharmacie et me disent “les masques sont arrivés?”
Alors, Marie doit s’aventurer chaque jour à des argumentaires auprès de ses patients mécontents. “Beaucoup regardent les informations, ils déboulent dans la pharmacie et me disent “les masques sont arrivés. » Alors je suis obligée de préciser qu’effectivement les masques sont arrivés à Marseille, mais seulement pour le personnel soignant qui est en première ligne”, affirme la jeune pharmacienne. Elle se souvient du jour où le Professeur marseillais Didier Raoult était dans tous les médias. “Ca a été une journée éprouvante car en plus de nous demander des masques et autres, le téléphone n’arrêtait pas de sonner pour demander si nous avions la fameuse molécule, l’Hydroxychloroquine”, poursuit-elle. Une situation compliquée. “Ce qui nous fait tenir c’est le fait de savoir que c’est une nécessité, on doit être là pour les gens, on doit les aider au mieux”
Pour prévenir sa clientèle, la pharmacie a pris soin de placarder des affiches dans toute la boutique et sur la porte d’entrée afin d’expliquer le néant des stocks en gel hydroalcoolique, masque, gant et thermomètre.
Pour ce qui est de la sécurité sanitaire, Marie à de la chance son patron a tout prévu, des vitres en plexiglas devant chaque comptoir, des masques chirurgicaux, des gants changeables 2 à 3 fois par jour et des blouses à manches longues, qui tardent à arriver mais qui arriveront. Des consignes très strictes ont également été prises pour protéger tout le monde, pas plus de clients que de personnes à servir pour éviter que les gens se baladent dans la pharmacie, lorsqu’ils entrent ils ont à disposition de quoi se mettre une noisette de gel dans les mains et avant qu’ils repartent la personne qui les sert leur remet de la solution hydro-alcoolique. Dernière précaution, après chaque passage les comptoirs et les machines à carte bleue sont nettoyées. Une organisation millimétrée.
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